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Page:Andre Cresson - La Philosophie francaise.djvu/15

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DE LA SCOLASTIQUE À LA RÉVOLUTION
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entière liberté de leur imposer silence. Ils vivaient dans la piété, la sérénité et la joie.

Si nos premiers ancêtres avaient été sages, nous n’aurions connu ni la douleur, ni la mort. Mais Dieu, pour s’assurer de leur déférence, leur avait interdit l’usage d’un certain fruit. Poussée par l’orgueil, la curiosité et un démon déguisé en serpent, Ève cueillit le fruit défendu. Adam ne sut pas lui résister. D’où la chute.

Chassés du Paradis terrestre, privés d’une partie considérable de leurs connaissances et de leurs pouvoirs, condamnés à gagner leur pain à la sueur de leur front, à souffrir et à mourir, Adam et Ève sont justement déchus de leur dignité première. Leurs descendants payent pour eux, victimes misérables d’une vanité stupide.

Comment donc devons-nous agir étant donné cette situation ? Nous voulons retrouver la béatitude que nos premiers parents ont perdue. Elle nous sera rendue après la mort si nous avons su désavouer Adam par notre humilité et plaire à Dieu. Pour cela, enquérons-nous de sa volonté. Décidons de lui obéir en toute circonstance. L’Évangile nous le prescrit : « Aimons Dieu par-dessus toute chose et notre prochain comme nous-mêmes. C’est là, dit Jésus, « toute la loi et tous les Prophètes ». Obéissons donc à cette règle. Pratiquons cette justice et cette charité qui sont la piété même. Acceptons le sort que la destinée nous envoie. Accueillons-le même avec joie. Car Dieu n’est pas seulement notre maître ; il est aussi un bon maître. Ayons donc confiance en lui. Remettons le soin de nous diriger à ceux qu’il a choisis pour cet office, le pape, pour les choses religieuses, le roi pour les choses civiles. Règneraient-ils l’un et l’autre si Dieu ne les avait pas élus et ne les protégeait pas de sa