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Page:Andre Cresson - La Philosophie francaise.djvu/23

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DE LA SCOLASTIQUE À LA RÉVOLUTION
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la démonstration a priori qui convient et qui convient seule. Définir, poser des axiomes et des postulats, puis établir, par le seul raisonnement, qu’étant donné ces conventions premières tels et tels théorèmes doivent être admis, les mathématiques n’ont rien d’autre à faire. Et Pascal d’insister sur les précautions à prendre pour bien définir, pour bien choisir ses axiomes, pour démontrer correctement.

Mais, dans les sciences de la nature, il n’en va pas de même. C’est ici l’expérience et elle seule qui compte. N’est-ce pas elle qui doit nous fournir, et la connaissance des faits à interpréter, et la vérification des interprétations tentées ? Ce n’est pas en raisonnant a priori qu’on saura si l’air est ou n’est pas pesant ; c’est en expérimentant à la même heure avec un tube de Torricelli en haut et en bas du Puy de Dôme. Alors on pourra dire si la nature a ou n’a pas « horreur du vide».

Et ce n’est pas tout. Il est des problèmes où une troisième méthode s’impose. Comment savoir, et ce qui s’est passé autrefois, et ce qui s’est passé loin de nous, si ce n’est par le témoignage de ceux qui y ont assisté et sont dignes d’être crus ? Ici l’autorité seule est probante. Aussi doit-elle être reine en théologie. Qu’y cherche-t-on en effet ? Ce que Dieu a révélé aux hommes, et où le trouver sinon chez ceux qui ont assisté à la Révélation ?

Voilà, selon Pascal, de quoi satisfaire tout le monde. L’autorité ne doit intervenir ni dans les mathématiques, ni dans la physique. Elle seule doit être invoquée en théologie.

Ce point de vue est celui des grands religieux du xviie siècle. Ils maintiennent la méthode scolastique pour tout ce qui est de foi. Mais ils n’hésitent pas à rejeter ce que la scolastique donnait pour scientifique, en astronomie, en physique, en chimie,