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Page:Andre Cresson - La Philosophie francaise.djvu/61

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Chapitre II

LA PHILOSOPHIE FRANÇAISE
DEPUIS LA RÉVOLUTION JUSQU’À NOS JOURS

I. — Lorsqu’on examine le mouvement de la philosophie française depuis 1789 jusqu’à nos jours, on s’en aperçoit : il a été dominé par des soucis d’origine sociale et politique. Ils se sont imposés aux philosophes fût-ce malgré eux.

Avant tout, dès les débuts du xixe siècle, la nécessité de reconstruire apparaît à tous les esprits. La Révolution a renversé l’antique édifice bâti par des siècles de catholicisme et de royauté. Elle a improvisé des constitutions qui ont fait faillite les unes après les autres. Elle a évolué vers la Terreur et dressé la guillotine. Elle a abouti aux émigrations, aux spoliations, aux fantaisies irréligieuses et immorales. Elle a fini dans les guerres de l’Empire, glorieuses, mais désastreuses aux trois points de vue militaire, économique et démographique. D’où un besoin manifeste chez tous les penseurs français de la Restauration. Ce besoin, A. Comte l’a caractérisé mieux que personne. Il faut « clore la période révolutionnaire », rétablir un équilibre social sinon parfait, du moins tolérable pour tous.

D’autre part, le xixe siècle est celui des sciences positives. Depuis le xviie siècle, le progrès des mathématiques et des sciences expérimentales n’a