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Page:Andre Cresson - La Philosophie francaise.djvu/98

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LA PHILOSOPHIE FRANÇAISE

pour en faire le créateur des choses », et qu’un Le Dantec publie un livre intitulé L’Athéisme. Dieu n’y est pas représenté comme « l’erreur commune du genre humain ». Il n’y est plus du moins qu’une hypothèse encombrante et inutile.

Ainsi A. Comte est dépassé et désavoué. Les scientistes estiment savoir ce qu’il faisait profession d’ignorer. Sa prudence devient, à leurs yeux, de la faiblesse. Ils dogmatisent en métaphysiciens.

Comment s’en étonner dans ces conditions ? L’avènement du scientisme ranime les querelles du début du xixe siècle. Il en est des esprits comme des plantes. Ils appartiennent à différents types. Les arbres sont les uns des chênes, d’autres des hêtres, d’autres des sapins. Les esprits sont les uns scientifiques, d’autres sentimentaux, quelques-uns franchement mystiques. Leur proportion peut varier suivant les époques, mais il y en a toujours un certain nombre de chaque espèce. Dès que des circonstances analogues se produisent, ils réagissent comme leurs prédécesseurs l’avaient fait. Les doctrines de l’Encyclopédie avaient, dès le début du xixe siècle soulevé, nous l’avons vu, les plus ardentes critiques. Les doctrines scientistes en soulèvent d’analogues chez les esprits de la même famille. Mais le temps s’est écoulé. Les esprits sont mieux avertis. Les nouveaux protestataires ne redorent pas seulement quelques vieux arguments. Ils en cherchent d’autres. Disons à leur honneur qu’ils ont su en découvrir de nouveaux et de vigoureux.

Nous retrouvons ici ce que nous avions signalé plus haut, Comme les ennemis de l’Encyclopédie, les ennemis du scientisme sont parfaitement d’accord pour le détruire. Ils ne le sont plus pour dire ce qu’il convient de mettre à la place.