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Page:Andre Suares Voyage du Condottiere Vers Venise, 1910.djvu/107

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xvi

TERRE DE VIRGILE


Printemps, en Lombardie.



La plaine.

De toutes parts, la plaine et les eaux molles au cours flexible. La plaine, aussi loin que l’on voit ; et l’on s’étonne de ne pas voir jusqu’à la mer. Au bord du ciel qui se courbe, vers le nord, les grandes montagnes se font de plus en plus humbles et lointaines. Ce n’est plus enfin qu’un trait bleu de vapeurs, une écharpe indécise, une fumée d’argent vert ; plus qu’une ligne d’eau, comme sur l’océan la crête écumeuse d’une vague. Puis, le flot même s’efface ; et rien ne reste plus des roides géants, qui montent la garde à la barrière de deux mondes : les Alpes ont disparu.

On dirait, par endroits, qu’une haleine s’élève de la plaine humide, et qu’elle a une respiration. Bien qu’elle prenne tout l’espace, elle est sans grandeur. Ni un désert de sables, ni une