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Page:Andre Suares Voyage du Condottiere Vers Venise, 1910.djvu/175

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xxvii

MIRACLE DE SAINT-MARC





Ni Venise matinale, d’argent et de myosotis ; ni le soir, de sang et d’or rouge ; ni le soleil levant sur la Salute, quand ce palais de la Vierge a l’air d’une perle sur un cristal de lait ; ni le soleil couchant sur la rive des Esclavons, quand le palais Ducal s’allume en lanterne, à tribord d’une galère de carmin : ici et là, Venise glorieuse n’est point encore sans pareille dans la gloire de la lumière. Mais une église est la châsse de son triomphe, l’écrin de la Sirène. Il est un vaisseau où toute sa splendeur est captive. L’Orient et le soleil du crépuscule sur la lagune, ils l’ont enfermé dans une basilique ronde, où le Seigneur est sur l’autel, et la dédicace au voyageur Saint Marc.

L’or, le dieu temporel à la solde des insulaires, ne les trahira plus. Il est à Saint-Marc ; ils en ont fait le cœur magnifique de Venise : non pas un or inerte, un lingot avare dans un coffre ; mais l’or le plus vivant, qui bat, qui se nourrit de lumière, qui suit toutes les heures du jour, qui chante dans l’ombre, et qui est, en vérité, l’espèce solaire du sang. Et ainsi, la Pala d’Oro