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xxxii

DANS LA PINÈDE


De Ravenne à l’Adriatique.



Vers l’Orient, Ravenne ne finit pas ni ne commence. Elle vient de la mer qui la fuit, et se retire sans elle. Ses ports sont dans la poussière ; et parmi les canaux, une forêt merveilleuse a pris la place des flottes romaines.

Les tours et les clochers, sur le ciel de l’Ouest, dévorent la lumière. Ravenne descend, exténuée. Le grand désir de la mer la persuade de la rejoindre sous le sable. Elle s’enfonce dans le marais poudreux qui l’en sépare. Ravenne est veuve, elle est en deuil de l’Adriatique, cette épouse perdue, si chère à tout cœur italien, si cruelle et si douce au fils de Rome.

Sous les portiques des pins, route rêveuse qui mire les verts péristyles, le canal suit le canal, longue, longue et pure ligne d’eau, tantôt bleue, tantôt verte jusqu’à la noirceur la plus noire,