Page:Andre Suares Voyage du Condottiere Vers Venise, 1910.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


xi

POUR LA MUSIQUE


À Crémone.



Ô musique qu’on ne peut trop aimer ! Je suis venu à Crémone pour la musique. La Crémone des basses et des archets, des violons et des violes est un lieu unique au monde.

Musique, qu’on ne peut trop aimer ! Amour, le premier et le dernier ! Charme du cœur, aile de la chair, sensualité qui se dépouille ; vraie province de l’âme, quand elle s’abandonne à son propre mouvement et cherche la pure volupté.

Ici est né, voilà trois siècles et demi, le plus grand musicien de l’Italie, le seul Pier Luigi excepté. Monteverde a été nourri dans la vieille Crémone, où rien ne le rappelle[1]. Il l’aimait pourtant, et fut empêché d’y vivre, étant musicien des Gonzague, à Mantoue.

Un malheureux homme de génie, s’il en fut. Plein d’amour et de souffrance ; passionné pour la vie, et toujours frappé par elle ; violent et doux, sans repos, sans loisir ; longtemps méconnu, tantôt dédaigné, tantôt haï ; et à la fin glorieux, mais non com-

  1. Monteverde est né en mai 1567, à Crémone et mort à Venise en 1643.