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LES NOCES CHYMIQUES

quatre éléments, tantôt pour cette matière réduite en eau, tantôt enfin pour leur Soufre ou Terre ignée qu’ils appellent la Minière du Feu céleste. Les disciples d’Hermès se conformèrent aux directives du Maitre au sujet de ce hiéroglyphe, car nous le retrouvons sans cesse dans les mythes de Cadmus, Saturne, Mercure, Esculape, Apollon, etc. Par le serpent qui dévore sa queue, ils ont proprement désigné le Soufre, (Raymond Lulle, Codicille, C. 31). En effet, dans la seconde opération du Magistère, le serpent philosophique commence à se dissoudre par la queue au moyen de sa tête, c’est-à-dire de son premier principe.

Au nombre des merveilles qu’admire notre héros dans cette salle, il parle d’images mouvantes. N’est point-ce là la traduction littérale des Moving Pictures, terme employé en Angleterre pour désigner le cinématographe ; l’idée du phonographe est aussi évoquée dans les lignes suivantes et on ne peut se défendre de quelque surprise en se souvenant que Valentin Andreae écrivit les Noces Chymiques en 1603. Avait-il anticipé sur l’avenir, en prévoyant nos moyens actuels de distraction, à la façon dont Roger Bacon, dans ses Lettres sur les Prodiges, anticipe sur l’automobile et l’avion, quelques centaines d’années avant leur découverte ?


Au cours du diner qu’offrent les Vierges aux Artistes, un passage peut nous paraître badin, lorsque l’une d’entre elles propose à notre héros, que nous savons d’un grand âge, de partager sa couche : Que l’étudiant ne s’y trompe pas, ce passage est capital et son importance est d’autant mieux dissimulée que l’auteur l’a habilement noyé dans un récit plaisant, où comptés de sept en sept pour remettre au sort le choix de leur compagne pour la nuit, les artistes restant seuls entre eux, s’avouent fort habilement dupés.

La représentation théâtrale qui leur est offerte comporte aussi quelques enseignements, déjà vus antérieurement mais moins condensés. La fillette que l’on trouve dès le début du premier acte enfermée en un coffret flottant sur le fleuve, impose à l’esprit la fable babylonienne où Sargon Premier, fils d’un père inconnu est expose par sa mère dans un panier de roseaux sur l’Euphrate ; il est sauvé par un paysan, et aimé de la déesse Ishtar (la colombe, et aussi l’Étoile du Matin et du Soir) qui le fait parvenir à la Royauté. Six siècles plus tard, un futur Roi, Moïse, est découvert sur le Nil par la fille du Pharaon, lui aussi devient l’Initiateur d’un grand peuple. Faut-il encore rappeller, 735 ans avant notre ère, Romulus et Rémus, bases de la Civilisation latine, exposés aux bêtes sauvages dans les marais du Tibre, et allaités par une Louve ! Que les curieux de Science réfléchissent à l’origine attribuée a Romulus par sa mère et qu’ils en rapprochent le Loup ravissant, cher à Basile Valentin. L’entr’acte