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LES NOCES CHYMIQUES

un peu faibles — leur baisa la main et leur donna les deux beaux vêtements ; ils s’en vêtirent et s’avancèrent. Deux sièges merveilleux étaient prêts à les recevoir ; ils y prirent place et reçurent nos hommages respectueux, pour lesquels le Roi nous remercia lui-même ; puis il daigna nous accorder de nouveau sa grâce.

Comme il était près de cinq heures, les personnes royales ne purent tarder davantage ; on réunit donc à la hâte les objets les plus précieux et nous dûmes conduire les personnes royales par l’escalier, par tous les passages et corps de garde, jusqu’au vaisseau. Ils y prirent place en compagnie de quelques vierges et de Cupidon et s’éloignèrent si vite que nous les perdîmes bientôt de vue ; d’après ce qu’on m’a rapporté, on était venu à leur rencontre avec quelques vaisseaux de sorte qu’ils traversèrent une grande distance sur mer en quatre heures.

Cinq heures étaient sonnés quand on ordonna aux musiciens de recharger les vaisseaux et de se préparer au départ. Mais comme ils étaient un peu lents, le vieux seigneur fit sortir une partie de ses soldats que nous n’avions pas aperçus jusque-là car ils étaient cachés dans l’enceinte. C’est de cette manière que j’appris que cette tour était toujours prête à résister aux attaques. Ces soldats eurent tôt fait d’embarquer nos bagages, de sorte qu’il ne nous restait qu’à songer au repas.

Quand les tables furent dressées, la vierge nous réunit en présence de nos compagnons ; alors il nous fallut prendre un air malheureux et étouffer le rire. Ils chuchotaient tout le temps entre eux ; cependant quelques-uns nous plaignaient. À ce repas le vieux seigneur était des nôtres. C’était un maître sévère ; il n’y eut de parole, si sage fût-elle, qu’il ne sût réfuter, ou compléter, ou du moins développer pour nous instruire. C’est auprès de ce seigneur que j’appris le plus de choses et il serait bon que chacun se rendît près de lui pour s’instruire ; beaucoup y trouveraient leur avantage.