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LES NOCES CHYMIQUES

fanfare devint tel que nous pouvions à peine le supporter. Cependant des lumières entrèrent dans la salle, par milliers, me semblait-il ; elles se mouvaient toutes seules, dans leur rang, ce qui ne laissa de nous effrayer. Puis, vinrent les deux pages portant des flambeaux ; ils précédaient une vierge de grande beauté qui approchait, portée sur un admirable siège d’or. En cette vierge, il me sembla reconnaître celle qui avait précédemment allumé puis éteint les lumières ; de même je crus reconnaître dans ses serviteurs ceux qui étaient de garde sous les arbres bordant la route. Elle ne portait plus sa robe bleue, mais sa tunique était étincelante, blanche comme la neige, ruisselante d’or, et d’un tel éclat que nous ne pouvions la regarder avec persistance. Les vêtements des deux pages étaient semblables ; toutefois leur éclat était moindre.

Dès que la vierge fut parvenue au centre de la salle, elle descendit de son siège et toutes les lumières s’abaissèrent comme pour la saluer. Nous nous levâmes tous aussitôt sans quitter notre place.

Elle s’inclina devant nous et après avoir reçu nos hommages, elle commença d’une voix adorable le discours suivant :


Le roi, mon gracieux seigneur,
Qui n’est plus très loin maintenant,
Ainsi que sa très chère fiancée,
Confiée à son honneur,
Ont vu avec une grande joie
Votre arrivée tantôt.
Ils honorent chacun de vous
De leur faveur, à tout instant,
Et souhaitent du fond du cœur
Que vous réussissiez à toute heure.
Afin qu’à la joie de leurs noces futures
Ne fût mêlée l’affliction d’aucun.


Puis elle s’inclina de nouveau avec courtoisie, ses lumières l’imitèrent et elle continua comme suit :