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TROISIÈME JOUR

jusqu’à ce que le Roi se fût retiré dans ses appartements par un couloir secret. On nous ramena alors du jardin dans nos chambres, en grande pompe et au son des instruments, tandis que nous nous entretenions amicalement. Et cela eut lieu vers quatre heures de l’après-midi.

Afin de nous aider à passer le temps agréablement, la vierge ordonna que chacun de nous fût accompagné par un page. Ces pages, richement vêtus, étaient extrêmement instruits et discouraient sur toute chose avec tant d’art que nous avions honte de nous-mêmes. On leur avait donné l’ordre de nous faire visiter le château — certaines parties seulement — et de nous distraire en tenant compte de nos désirs autant que possible.

Puis la vierge prit congé de nous en nous promettant d’assister au repas du soir ; on célébrerait, aussitôt après, les cérémonies de la Suspension des poids ; ensuite, il nous faudrait prendre patience jusqu’à demain, car demain seulement nous serions présentés au Roi.

Dès qu’elle nous eût quittés, chacun de nous chercha à s’occuper selon ses goûts. Les uns contemplèrent les belles inscriptions, les copièrent, et méditèrent sur la signification des caractères étranges ; d’autres se réconfortèrent en buvant et en mangeant. Quant à moi, je me fis conduire par mon page par-ci, par-là, dans le château et je me réjouirai toute ma vie d’avoir fait cette promenade. Car, sans parler de maintes antiquités admirables, on me montra les caveaux des rois, auprès desquels j’ai appris plus que ce qu’enseignent tous les livres. C’est là que se trouve le merveilleux phénix, sur lequel j’ai fait paraître un petit traité il y a deux ans. J’ai l’intention de continuer à publier des traités spéciaux conçus sur le même plan et comportant le même développement sur le lion, l’aigle, le griffon, le faucon et autres sujets.

Je plains encore mes compagnons d’avoir négligé un trésor aussi précieux ; cependant tout me porte à croire