Page:Andreae - Les Noces chymiques, 1928, trad. Auriger.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
70
LES NOCES CHYMIQUES

de l’un des serviteurs. Puis notre vierge nous fit sortir dans l’ordre.

Devant la porte les musiciens habillés de velours rouge à bordure blanche nous attendaient déjà. On ouvrit alors une porte — que j’avais toujours vue fermée auparavant, — donnant sur l’escalier du Roi.

La vierge nous fit entrer avec les musiciens et monter trois cent soixante-cinq marches. Dans cet escalier de précieux travaux artistiques étaient réunis ; plus nous montions plus les décorations étaient admirables ; nous atteignîmes enfin une salle voûtée embellie de fresques.

Les soixante vierges, toutes vêtues richement, nous y attendaient ; elles s’inclinèrent à notre approche et nous leur rendîmes leur salut du mieux que nous pûmes ; puis on congédia les musiciens qui durent redescendre l’escalier.

Alors, au son d’une petite clochette, une belle vierge parut et donna une couronne de laurier à chacun de nous ; mais à notre vierge elle en remit une branche. Puis un rideau se souleva et j’aperçus le Roi et la Reine.

Quelle n’était la splendeur de leur majesté !

Si je ne m’étais souvenu des sages conseils de la reine d’hier, je n’aurais pu m’empêcher, débordant d’enthousiasme, de comparer au ciel cette gloire indicible. Certes, la salle resplendissait d’or et de pierreries ; mais le Roi et la Reine étaient tels que mes yeux ne pouvaient soutenir leur éclat. J’avais contemplé, jusqu’à ce jour, bien des choses admirables, mais ici les merveilles se surpassaient les unes les autres, telles les étoiles du ciel.

Or, la vierge s’étant approchée, chacune de ses compagnes prit l’un de nous par la main et nous présenta au Roi avec une profonde révérence ; puis la vierge parla comme suit :

« En l’honneur de Vos Majestés Royales, Très Gracieux Roi et Reine, les seigneurs ici présents ont affronté la mort pour parvenir jusqu’à Vous. Vos Majestés s’en ré-