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Page:Andrieux - Œuvres de François-Guillaume-Jean-Stanislas Andrieux, Tome 3, 1818.djvu/212

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Frédéric, un moment par l’humeur emporté :
« Parbleu, de ton moulin c’est bien être entêté ;
Je suis bon de vouloir t’engager à le vendre !
Sais-tu que sans payer je pourrais bien le prendre ?
Je suis le maître. — Vous !… de prendre mon moulin ?
Oui, si nous n’avions pas des juges à Berlin. »
  Le monarque, à ce mot, revient de son caprice.
Charmé que sous son règne on crût à la justice,
Il rit, et se tournant vers quelques courtisans :
« Ma foi, messieurs, je crois qu’il faut changer nos plans.
Voisin, garde ton bien ; j’aime fort ta réplique. »
  Qu’aurait-on fait de mieux dans une république ?
Le plus sûr est pourtant de ne pas s’y fier :
Ce même Frédéric, juste envers un meunier,
Se permit maintes fois telle autre fantaisie :
Témoin ce certain jour qu’il prit la Silésie ;
Qu’à peine sur le trône, avide de lauriers,
Epris du vain renom qui séduit les guerriers,
II mit l’Europe en feu. Ce sont là jeux de prince ;
On respecte un moulin, on vole une province.