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Page:Andry - L’Orthopédie, tome I.djvu/118

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Fable suivante, au sujet des membres révoltés contre l’estomach.


                Je devois par la Royauté,
                Avoir commencé mon ouvrage :
                A la voir d’un certain côté,
                Sire, Gaster en est l’image.
S’il a quelque besoin, tout le corps s’en ressent,
De travailler pour lui, les membres se lassant,
Chacun d’eux résolut de vivre en Gentil’homme,
Sans rien faire, alléguant l’exemple de Gaster.
Il faudroit, disoient-ils, sans nous, qu’il vécût d’air ;
Notre soin n’aboutit qu’à fournir ses repas.
Chommons : c’est un métier qu’il veut nous faire apprendre.
Ainsi dit, ainsi fait, les mains cessent de prendre,
        Les bras d’agir, les jambes de marcher.
Tous dirent à Gaster, qu’il en allât chercher.
Ce leur fut une erreur dont ils se repentirent.
Bien-tôt les pauvres gens tomberent en langueur,
Il ne se forma plus de nouveau sang au cœur,
Chaque membre en souffrit, les forces se perdirent.
                Par ce moyen les mutins virent
Que Gaster qu’ils croyoient oisif & paresseux,
A l’interêt commun contribuoit plus qu’eux.
Ceci peut s’appliquer à la grandeur Royale,
Elle reçoit & donne, & la chose est égale, &c.