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Page:Andry - L’Orthopédie, tome II.djvu/295

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personne qui soit là-dessus d’intelligence avec vous. Ils vous écouteront alors avec plus d’attention, que si vous leur addressiez la parole ; & sans qu’ils y songent, leur mémoire se remplira de ce que vous direz ; en sorte que d’eux-mêmes, ils vous le raconteront, mais le raconteront d’un air aisé & naturel, qui ne mettra à aucune épreuve leur poitrine.

Une autre imprudence dont on accompagne souvent celle d’obliger ainsi les enfans à apprendre par cœur, & à réciter coup sur coup un si grand nombre de fables & d’histoires, c’est de charger tout de même leur mémoire d’un nombre excessif de prieres, qu’on leur fait pareillement accumuler sans relache les unes sur les autres. En voici un exemple récent qui s’offre trop à propos, pour que je doive le passer sous silence.

Une jeune Demoiselle qui paroissoit être de condition, & qui avoit sa Gouvernante à côté d’elle, assistoit il y a quelques semaines à la Messe dans une Eglise, où je me trouvai par hazard auprès d’elle. L’enfant les yeux baissés qu’elle levoit de loin à loin, pour voir si la Gouvernante la regardoit, ne cessoit de réciter par cœur & à voix basse, mais bien articulée, prieres sur prieres. L’une