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Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/371

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nourrit d’herbe & de limon ; ce qui la rend ordinairement d’une chair molasse & fade. Mais cette mauvaise qualité se corrige par la maniere dont on apprête ce poisson, qui est de le faire cuire, ou au court-boüillon, ou au demi-court-boüillon, ou à l’étuvée, avec le sang même, ou sur le gril, ou en friture. Comme la carpe abonde en sucs visqueux, elle est assez bonne frite, quoi-qu’à parler en général, la friture ne soit pas saine. On fait des hachis de carpes, qui sont fort sains, pourvûs qu’on n’y prodigue point l’assaisonnement. On trouve dans les laitances de ce poisson un manger délicat, qui peut même tenir lieu de viande à plusieurs infirmes ; & nous avons vû des Ethiques guéris par l’usage de ces laitances. Les œufs de carpes sont encore fort bons ; mais il s’en faut de beaucoup qu’ils soient aussi agréables au goût, & aussi convenables à la santé que les laitances. Le palais de la carpe est un morceau fort exquis ; c’est ce qu’on appelle vulgairement Langue de Carpe. On trouve dans les rivières deux poissons assez semblables à la Carpe, sçavoir, la Breme & la Vandoise, le goût en est un peu plus agréable : du reste, ils ont à peu prés la même qualité. La Carpe, pour être bonne, ne doit être ni trop jeune ni trop vieille,