Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/92

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aurait bien dû sçavoir leur réponse, pour ne pas donner dans une raison si faible & si usée. Quoi-qu’il en soit, l’homme, selon nôtre Auteur, n’a pas non plus les organes nécessaires pour broïer des grains : cependant, selon lui, les grains ne laissent pas d’être l’aliment le plus naturel à l’homme.

Pourquoi donc conclurre que la viande ne sçauroit être sa nourriture naturelle, parce qu’il n’a ni crocs ni ongles pour la déchirer ? L’Anonyme s’est ici laissé tromper au mot d’organe, dont il n’a pas pénetré le sens. On entend par organe, une partie propre à faire quelque fonction, soit par elle-même immédiatement, soit par les supplemens qu’elle est capable de se donner. La main, par exemple, est un organe, par le moïen duquel l’homme doüé d’intelligence, comme il est, se passe de presque tous les autres organes, qui sont particuliers au reste des animaux. Il n’a point un estomac ca-

    sam, quâ quidquid vitæ humanæ sit necessarium fabricat. Nam omnia quæ multiplici vitæ nostræ actioni opus essent, annata perpetuo gestare, si non impossibile certè esset operosum nec decorum, homo autem ratione fretus non minùs feris assequendis, quàm frugibus percipiendis sit idoneus… Hinc credimus & licitum esse & utile carnibus vesci, sed immodicum & intempestivum earum usum aliquando nocere. Homines quibus amplissimam ciborum varietatem indulsit natura nostra, ratio carnes igni coquere docuit. Mund. de Zoophag.