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Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/93

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pable de digerer des grains secs & tout entiers, comme les digerent plusieurs oiseaux, qui ne font que les avaler, sans les écraser dans leur bec. Mais il sçait se fournir par le moïen de la main, tout ce qui lui est nécessaire de ce côté-là. Avec la main il se fabrique divers instrumens, par le secours desquels il prépare ces grains, de toutes les manieres qui lui sont le plus convenables. Il les broïe, il les paitrit, il les fait cuire, &c. Il n’a ni crocs ni ongles pour déchirer la viande, il est vrai ; mais avec la main il se fait des instrumens pour la dépecer, pour la hacher même, s’il le faut, & pour l’aprêter de plusieurs façons differentes. Comme on ne sauroit donc conclurre que les grains soient une nourriture étrangere à l’homme, de ce que l’homme manque d’organes immédiats pour préparer ces grains, on ne sçauroit non plus conclurre que la viande ne lui convienne pas, de ce qu’il n’a ni crocs ni ongles pour l’accommoder à ses usages. La main de l’homme peut être regardée comme un organe universel, dans lequel tous ceux qui sont particuliers aux autres animaux, se trouvent renfermez. La main de l’homme, selon le langage de Galien, est l’organe des organes[1]. La main de

  1. ὄργανα ὀργάνων Gal. de us. Part. lib. XI. cap. IX.