Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

terrestres, assez grossieres. L’orge contient dans son écorce un sel salé, à raison duquel il est détersif ; mais au dedans, il renferme beaucoup d’acide : on en peut juger par ce qui arrive à l’orgeat, lequel s’aigrit aisément ; & dont pour cette raison, le fréquent usage doit être interdit à ceux qui ont beaucoup d’aigres dans l’estomac.

Le pain de seigle tient le milieu, entre celui d’orge & celui de froment : il est assez bon aux bilieux ; mais les mélancholiques n’en doivent guéres user, à cause de son acidité. Les Grecs n’ont fait aucune mention du seigle, ni même les Latins, si l’on en excepte Pline. En effet, Caron, Varron, Columelle, Palladius, n’en disent rien ; ce qui vient sans doute de ce que le froment étant trés-commun chez eux, ils ne se servoient point de seigle. Quoiqu’il en soit, ce grain se cultive avec soin en plusieurs endroits de l’Europe ; & on en fait en France un pain fort blanc, dont les personnes, même les plus délicates, aiment à faire usage. On en mange principalement à l’entrée du repas, pour tenir le ventre libre ; ce qui est une bonne pratique. On fait avec le seigle un pain bis fort lourd, qui empâte les dents, & qui cause une grande pesanteur dans l’estomac de ceux qui ménent une vie sé-