Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/158

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concentré dans la racine de la plante ; mais que cela même, bien entendu, fait la bonté & la sureté de cette sorte de nourriture, parce qu’il n’est pas toûjours sûr de mettre dans nos corps des matieres volatiles, ou déja trop développées ; que nos organes tendres & sensibles, comme ils sont, & les liqueurs qui nous font vivre, étant sujettes à s’exhaler, & à prendre l’effort, demandent ce ménagement, qu’on ne leur présente que des matieres qui ne les maîtrisent point, ou qui ne s’opposent pas à leurs actions, & à leurs manieres. »

C’est ainsi qu’on vante les racines dans le Traité des Dispenses, & avec raison. C’est dommage qu’on tienne ensuite un langage tout contraire à celui-là : car peu de Chapitres aprés, on nous dit, pour relever le merite des fruits, que « les fruits sont des mets naturels, dans lesquels reside tout ce qu’il a de meilleur dans les plantes ; que les racines ne sont encore que des êtres imparfaits, ou des ébauches de ce qui en doit naître ; que tout y est encore concentré & mêlé, & par consequent dans le besoin de mille filtrations, & de mille dépurations ; que semblables aux Marcassites, ce ne sont que des substances brutes, & des Embrions imparfaits, où tout est impur & confus ;