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Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/280

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est dans des sentimens bien opposez. Nous examinerons ses raisons, aprés que nous aurons dit un mot de quelques circonstances essentielles, qui mettent de la difference entre les poissons de même espece.

Le poisson est de deux sortes, ou d’eau douce, ou de mer : celui d’eau douce est, ou de lac, ou d’étang, ou de riviere ; le poisson d’étang ou de lac, est mal-faisant ; parce qu’il se nourrit ordinairement d’une eau bourbeuse, ou qui n’a pas de cours. Celui de riviere est fort sain, pourvû qu’il soit de quelque riviere rapide, comme du Rhône, de la Garonne, de la Loire, &c. ainsi le poisson de Saône & de Seine vaut moins, parce que ces rivieres coulent trés-lentement. On vante cependant beaucoup les carpes de Saône & de Seine ; mais c’est parce qu’elles sont grasses & de bon goût ; & on ne prend pas garde que cette graisse même les doit rendre moins saines ; car il n’y a pas de graisse plus ennemie de l’estomac que celle du poisson, ainsi que l’observe un sçavant Medecin[1]. Nous remarquerons que les poissons qu’on prend dans les rivieres qui arrosent de grandes villes, sont toûjours moins bons au-dessous de ces

  1. Petrus Gont. lib. 12. cap. 2. cum omnis pinguedo mala sit, piscium pessima est.