Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/315

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loin de renfermer des soufres malins, ne renfermeroit donc pas même des soufres ? en effet, si les alimens ne changent point de nature, en se tournant en chyle & en sang, la viande doit communiquer ses soufres au chyle & au sang, si elle en a : or, selon l’Auteur du Traité de la Digestion, elle n’en communique point ; elle n’en a donc point : nous laissons à l’Auteur du Traité des Dispenses, le soin de répondre à l’Auteur du Traité de la Digestion.

Quant à ce qu’on ajoûte de la graisse, l’Anonyme croit-il que quand on conseille l’usage de la viande, on conseille d’en choisir la graisse ? ignore-t-il qu’un bon morceau en fait de viande, est un morceau tendre, charnu, & plein de suc ? s’imagine-t-il que la graisse & le suc de la viande soit la même chose ? une viande pleine de graisse rebute l’estomac ; mais une viande pleine de suc produit un effet tout different. De plus, le poisson a aussi sa graisse, & cette graisse est encore plus mal-saine que celle de la viande, comme nous l’avons déja dit, aprés un célébre Medecin : cum omnis pinguedo mala sit, piscium pessima est[1]. Pour ce qui est de la tissure des fibres, l’Anonyme trouve-t-il cette tissure trop dure dans une volaille bien nourrie, donc les morceaux se fondent

  1. Petrus Gontier, lib. 22. cap. 2.