Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/318

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faut pas douter, selon nôtre Auteur, aussi a-t-il grand soin de nous remettre devant les yeux les excessives dépenses que ce peuple faisoit en poisson ; mais à ce sujet il se pare d’une érudition qui ne lui appartient pas. Ces dépenses, observe-t-il, « alloient jusqu’à ruiner des familles, d’où venoient cette plaisanterie d’appeller Antropophages, les poissons rares & précieux, parce qu’ils dévoroient, pour ainsi dire, leurs acheteurs, en les ruinant ; d’où on apperçoit, dit-il, le sens de cette Epigramme :


« Exclamare libet non est hoc, improbe ! non est
Piscis. Homo est. Hominem Callidiore voras.
        Mart. Lib. X. Epigram. XIII. »


« Cet excés, poursuit-il, alla jusqu’à faire dire à Caton, qu’on ne pouvoit plus répondre de la durée des villes, parce que le prix d’un poisson étoit au point de surpasser celui d’un bœuf, à ce que dit Plutarque. »

On diroit, à voir la maniere dont nôtre Anonyme cite ici Martial & Plutarque, qu’il se seroit au moins donné la peine de verifier dans ces deux Auteurs ce qu’il en rapporte ; mais nullement ; il s’est contenté de le prendre dans le Livre de Piscibus, de Pierre