osseuses & fort dures, d’entre lesquelles sortent des picquans, le ventre plat & couvert d’une peau douce argentine.
Ce poisson, comme on sçait, passe souvent dans les rivieres. Il y a quelques années qu’on en prit un dans la Seine, lequel avoit neuf pieds de long. Plusieurs prétendent qu’il est meilleur pesché dans l’eau douce ; mais celui qui se prend dans la mer est beaucoup plus exquis, pourvû qu’on le prenne loin des bords, sans quoi il faut avouer qu’il a un goût sauvage, qui le rend fort inferieur à celui qui a passé dans les rivieres[1]. On ne peut nier que ce poisson ne soit un des meilleurs mets qui se servent les jours maigres. Il nourrit beaucoup, & si fort, que quelques Medecins prétendent qu’il est à cet égard, parmi les poissons, ce qu’est le cochon parmi les Quadrupedes[2]. Aussi a-t-il une chair grossiere, peu convenable aux estomacs foibles. Les gens de Lettres, sur tout, doivent éviter cette nourriture. Le mâle est meilleur que la femelle ; mais quand celle-ci est pleine, on la préfere, non seulement pour ses œufs, mais pour la bonté de sa chair.