Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/348

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sa substance ; une vessie prés de l’estomac, remplie d’une liqueur fort noire que ce poisson répand quand il est poursuivi ; deux manieres de bras attachez vers la tête, desquels il se sert pour nager ; & outre cela huit pates, sçavoir, six petites, & deux plus grandes : il se nourrit de petits poissons ; mais il n’en est pas meilleur pour cela, étant fort dur, coriace, d’assez mauvais goût, & fort difficile à digerer. On n’en mange point à Paris, mais il est fort commun à Lyon, à Bourdeaux, à Nantes ; & en plusieurs autres villes de France. On le fait boüillir dans de l’eau, puis on le coupe par morceaux, pour l’apprêter avec du beurre, de l’oignon, des ciboules, du persil, un peu de poivre, & sur la fin quelques goutes de vinaigre. Il faut avant cela, qu’il ait été attendri dans de l’eau salée, mêlée de chaux vive & de cendres ; moïennant quoi les bons estomacs s’en peuvent accommoder. On le prépare à Lyon avec de la cendre gravelée. Il nourrit beaucoup quand on le peut digerer ; mais comme l’a remarqué Hippocrate, il resserre le ventre, & il produit un sang épais & grossier, qui appesantit la tête, & qui charge les yeux[1]. Le boüillon de

  1. πολύποδες δὲ καὶ σηπίαι καὶ τὰ τοιαῦτα οὔτε κοῦφα ὡς δοκέει ἐστὶν οὔτε διαχωρητικὰ διὸ καὶ τοῦς ὀφταλμοὺς