Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/369

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mer, lequel a le dessus du corps d’un gris cendré, parsemé de plusieurs taches noires, avec des lignes tout le long du dos, le ventre blanc, la bouche armée de dents crenelées en forme de scie, & les yeux d’un jaune doré. Ce poisson se mange frais ou sec, on l’appelle Moluë, quand il est frais, & il retient le nom de Merluche, quand il a été séché. La Moluë est, pour ainsi dire, le bœuf des jours maigres ; & c’est un fort bon manger, quand elle n’a pas été salée. La meilleure est celle de Terre-Neuve. Elle s’apprête de plusieurs façons ; mais la maniere la plus saine, c’est celle dont les Cuisiniers l’accommodent le plus communément, lorsqu’ils la font cuire dans une chaudiere avec de l’eau, & qu’aprés l’avoir écumée, ils l’ôtent de dessus le feu, & la couvrent de quelque linge pour l’attendrir, puis l’essuient, & y font une sauce, avec du beurre seulement, & un peu de persil par dessus. La Moluë est encore fort saine au demi-court boüillon, apprêtée avec du beurre bien frais. Mais pour la Moluë en ragoût, la Moluë frite ou rôtie, ce n’est pas ce que doivent chercher ceux qui consultent plus leur santé que leur goût. La Merluë ou Merluche, est fort dure & fort coriasse. C’est pourquoi elle ne convient qu’à de