Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/38

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digerer que la viande, puisque celle-ci, quand elle est bien tendre, & qu’elle est cuite à propos, se peut broïer avec autant de facilité, pour le moins, que les semences, les racines, les fruits, les herbages. De plus, pour nous en tenir ici aux grains, l’estomac des oiseaux qui en vivent, est fort charnu & musculeux ; & on remarque que la surface interne en est extrêmement dure & calleuse : on appelle même cet estomac meulette, parce qu’il fait l’usage d’une meule de moulin, & qu’il brise des alimens tres-solides. L’estomac des oiseaux de proïe, au contraire, ne consiste qu’en une membrane fine & délicate, peu capable d’action. Or si la viande avoit besoin d’un broïement plus fort que les grains pour se digerer ; d’où vient qu’aux oiseaux qui vivent de grains, la nature aurait donné un estomac plus dur, & qu’à ceux qui se nourrissent de chair, elle en auroit donné un beaucoup plus mince & plus faible ? Se serait-elle méprise ? Les oiseaux de proïe neanmoins digerent tres-promptement.

La seconde raison, c’est qu’il n’est nullement vrai que la digestion soit l’ouvrage du broïement ; & c’est ce que nous allons essaïer de montrer.