Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/395

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me sont presque tous les poissons[1], ont le sang trés-froid. Or les plus grosses Tortuës, comme celles des Antilles, par exemple, dont la tête égale celle d’un veau, n’ont pas le cerveau plus gros qu’une féve. Il n’y a dans la Tortuë, que le corps de bon à manger ; la tête, les pieds & la queuë n’en valent rien. Ce mets s’apprête de plusieurs façons différentes ; mais il est plus sain boüilli dans une marmite, avec du sel & quelques autres assaisonnemens, puis coupé par morceau, & servi avec une sauce convenable. Les Tortuës marinées, puis frites dans du beurre, & servies avec du persil, du jus d’orange, & du poivre, sont

  1. La plûpart des poissons n’ont presque point de cerveau ; & ce que rapporte là-dessus le sçavant M. Stenn, est digne de remarque ; sçavoir, qu’aïant dissequé un poisson, qui pesoit plus de trois mille livres, il y trouva à peine à peine trois onces de cervelle : c’étoit un Carcharias, ou Requiem.

    Cerebri moles admodum exigua, vix tres uncias æquabat in pisce, cujus pondus ter mille libras superaverat. Sed piscibus id familiare videtur, ut magna corporis moles minuto cerebro animetur. Nicol. Stenon, Canis Carchariæ dissectum caput.

    Il dissequa un poisson d’une autre espece, lequel pesoit vingt six livres, & aprés en avoir mis le cerveau dans une balance, il trouva que ce cerveau pesoit à peine 3. deniers. Ut cerebri ad reliquum corpus proportionem invenirem, lancem adhibui, qui patuit, cerebrum tres denarios vix attingere, cum piscis ovisceratus quindecim libras excederet, & una cum visceribus suis viginti sex libras aquaret. Nicol. Stenon. Historia dissecti piscis ex canum genere.