Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/419

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Castors, dont on fait des demi poissons sont si peu dépendans des eaux, qu’ils s’apprivoisent aisément à la terre, jusques-là qu’ils deviennent terriens[1]. »

Nous ne voulons, pour répondre à cela, que rapporter une seconde fois ce que l’Anonyme, vient de remarquer un peu plus haut sur les poissons terriens, il va se refuter lui-même. « Un animal, dit-il[2], peut changer d’élement & d’habitation, sans changer de nature ; ainsi les meilleurs Auteurs conviennent, que la terre de certains cantons renferme dans son sein, plus d’une sorte de poissons, qu’on nomme Terriens ; & on rapporte qu’en Egypte[3], au tems du labour des terres, il se fait une espèce de recolte de poissons, qu’on découvre sous la terre, à mesure qu’on la prépare : or comme on ne s’est point avisé d’appeller Taupes ou Mulots, ces sortes de poissons, quoiqu’ils vivent sous terre, on n’est pas mieux fondé à nommer Poissons, des oiseaux ou des quadrupedes qui vivent dans l’eau.

Voilà donc des poissons, qui au lieu de vivre dans l’eau, vivent dans la terre, à la maniere des Taupes & des Mulots, sans que pour cela ils cessent d’être poissons : c’est nôtre Auteur qui nous le dit ; comment donc aprés cela s’avise-t-il d’avancer que la Macreuse,

  1. Pag. 292. de la 2e. édit. to. 1.
  2. Voïez ci dessus, p. 392.
  3. Pag. 158. de la 1. édit. & p. 264. de la 2e. tom. 1.