Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/51

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ble qu’il est, a des principes unis & liez ensemble, de telle maniere, qu’encore que les parties integrantes se séparent facilement ; ces principes n’obéïssent qu’à peine à l’action des fermens, qui les heurtent dans nôtre estomac ; & c’est cette differente liaison de principes, qui fait la principale difference qu’on remarque dans les autres alimens, par rapport à la facilité ou à la difficulté de se digerer : ainsi les pois & les fèves, par exemple, qui sont si friables encore, se digerent difficilement, tandis qu’un morceau de bœuf, qui sera moins friable, resiste moins à la digestion. C’est que les principes qui composent ce morceau de bœuf, sont plus aisez à être séparez & divisez par la salive, & par les autres liqueurs fermentatives, qui contribuent en nous à la digestion, que ne le sont ceux qui composent les féves & les lentilles, toutes friables qu’elles sont d’ailleurs : ce n’est donc pas assez, pour le repeter encore, qu’un aliment soit dissout, par rapport à ses parties integrantes ; il faut de plus que la combinaison de ses principes soit changée, sans quoi il ne sçauroit se convertir en nôtre substance : on en a la preuve dans ces liquides, qui étant par eux-mêmes si fins, qu’il n’y a point de trituration