Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/60

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les particules integrantes, sans entreprendre sur les essentielles ; d’où il faut conclurre que le bœuf & le mouton, qui sont nourris d’herbes & de grains, devront être permis en Carême, puisque la substance de ces grains & de ces herbes n’aura point été en eux essentiellement changée, mais seulement broïée & divisée.

Que la trituration ne change point la nature des alimens ; c’est de quoi n’a pû disconvenir nôtre Auteur lui-même : voici comment il s’explique, pour répondre à un sçavant Medecin de Montpellier, qui lui a objecté que le broïement est insuffisant pour la digestion, parce que ce broïement ne peut reduire les alimens qu’en des parties integrantes, c’est-à-dire, de même nature que le tout dont elles sont parties.

« Ce raisonnement, dit-il, est mal-entendu ; car ce ne sont en effet que les parties integrantes des alimens, qui nourrissent, parce que la trituration n’est point une transmutation d’une matiere dans la substance des corps qui se nourrissent ; mais une application, une union d’une matiere avec une autre. Or que ces parties, qui s’appliquent pour nourrir ne soient que des parties integrantes, & non des parties principes, on doit, poursuit-il, en