Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vent à plus de la moitié de ce que l’on s’accordoit, puisqu’on se trouve encore en état de survivre & de se bien porter, aprés avoir passé quatorze jours dans des tempêtes sans avoir rien pris, comme il se lit dans les Actes des Apôtres.

» Mais d’ailleurs, poursuit-il, à quoi bon tant de nourriture dans les adultes, car c’est d’eux qu’il est question ? Le corps d’un adulte aïant pris toutes ses dimensions, & n’aïant plus à croître, n’a guéres besoin de nourriture que comme en passant, car les sucs nourriciers ne doivent plus s’y accumuler, ils ne lui deviennent nécessaires que pour arroser ses parties, les humecter, & les préserver du desséchement, en quoi consiste la vieillesse. »

1o. Ces paroles méritent bien quelques reflexions. Premierement, il est visible que l’Auteur confond ici le jeûne avec la sobrieté, quand il dit que le jeûne n’abbat point le corps ; il l’abbat, & c’est pour l’abbattre qu’il est ordonné. Il est vrai que si on entend par jeûne, faire quatre petits repas par jour comme nôtre Auteur le met dans la suite, ainsi que nous le verrons, cette sorte de jeûne ne sçauroit beaucoup abbattre les forces ; mais outre que c’est là un jeûne chi-