Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/142

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d’urine, la pâleur des yeux, l’amertume de la bouche, les tiraillemens d’entrailles, la tristesse de l’esprit, les vertiges, & plusieurs autres accidens qui arrivent dans ces rencontres : ensorte, comme l’observe encore ce grand homme, que s’il est quelque-fois salutaire de souffrir la faim, rien aussi quelquefois ne peut être plus pernicieux[1], & que si la répletion a ses dangers, l’inanition a aussi les siens, qui ne sont pas moins grands : ce sçavant Auteur a même laissé pour maxime qu’il y a plus de péril à se nourrir trop peu, qu’à se nourrir[2] trop. La faim & la soif sont innocentes, pourvû qu’on s’en tienne à certaines bornes ; mais si l’inanition est trop poussée, le corps s’altere jusqu’à alterer quelquefois l’esprit, les sucs nourriciers se consument, le baume du sang se dissipe, la substance la plus intime se résout en sérositez qui causent même quelquefois des enflûres en différentes parties, & sur tout aux extrêmitez inférieures : la bile qui n’est plus temperée par aucun nouveau suc qu’elle reçoive, fermente jusqu’à regorger dans l’estomac, où la rencontre d’une pituite extrêmement acre, la fait boüillir encore avec plus de vio-

  1. Hipp. de veter. Medicin.
  2. Hipp. Aphor. 1. 5.