Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/234

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tourmente d’une violente soif un jour de jeûne, auroit recours à un tel expédient plûtôt que de boire, ne laisseroit pas de rompre le jeûne ? ne seroit-ce pas porter les choses à un excés de séverité qui choqueroit le sens commun ? Le tabac néanmoins n’adoucit la soif, qu’en la trompant de cette maniere. Il excite dans les vaisseaux salivaires un mouvement qui les oblige à verser dans la bouche une sérosité, qui passant jusques dans l’estomac, arrose les parties que la trop grande sécheresse fait souffrir. L’Anonyme, lui-même, croit si peu que ce qui ôte la soif sans boire, soit contraire au jeûne, qu’il enseigne lui-même un moïen de l’éteindre de la sorte les jours de jeûne, comme nous le verrons dans la suite.

4o. Ce qui ne se prend que pour le plaisir, ne rompt-il point le jeûne ? Cette question revient à celle de l’amusement. Nous ne laisserons pas d’y répondre. On convient qu’il ne faut jamais rien faire pour le plaisir, mais enfin il y a plaisir & plaisir ; & quand on se laisseroit entraîner à une chose par la satisfaction qu’on y trouveroit, si cette chose est innocente, le crime ira-t-il jusqu’à rendre coupable du violement du jeûne, celui qui aura goûté cette satisfaction ? On parlera de