Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/297

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faire. En effet, les autres choses ont besoin d’être broïées, parce qu’elles sont solides, & qu’elles ne peuvent passer en nourriture, si, de solides qu’elles sont, elles ne deviennent fluides comme la boisson ; ainsi de ce que la boisson a la fluidité nécessaire pour être capable de nourrir, c’est raisonner d’une maniere bien singuliere, que de conclurre qu’elle n’est pas aliment.

« L’extrême fluidité, ajoûte-t-on, ou la ténuité des parties qui composent les boissons les plus simples, font voir qu’elles ne ressemblent en rien aux alimens. Elles ont tout d’abord & par elles-mêmes, ce qui ne vient aux alimens que par degrez, aprés de grands efforts & de longues préparations. Elles sont coulantes, pénetrantes & fluides, divisées par conséquent autant pour le moins, que peuvent l’être les aliments les mieux digerez, puisque la fin, le terme, & la perfection de la digestion des alimens, ne va qu’à les réduire en suc nerveux, en lymphe, enfin dans une sorte d’eau. »

Il n’est pas bien malaisé de répondre à un tel raisonnement. 1o. L’extrême fluidité des parties qui composent les boissons les plus simples, fait voir qu’elles ne ressemblent en rien aux alimens ; cela est vrai, si on parle