Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/299

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reçoit presque uniquement sans agir. Le rein enfin ne fait que se prêter, pour servir de passage à la boisson. L’estomac au contraire saisit & retient l’aliment, il le brise & le prépare : des organes si peu semblables dans leurs fonctions, supposent des natures différentes, en vûë desquelles ils ont été faits. »

L’Anonyme a raison de dire que le rein & l’estomac sont d’une nature différente, & ont des usages différens ; mais il ne s’ensuit pas de-là que la boisson ne se digere pas dans l’estomac, ou que l’estomac ait été plûtôt fait pour digerer le manger, que le boire. La nature l’a construit pour recevoir l’un & l’autre, & par conséquent pour les préparer & les digerer. Mais on voit bien que l’Auteur ne dit tout ceci, que pour favoriser son système de la digestion par le broïement. Il y a trois sortes d’alimens, remarque Hippocrate, le spiritueux, le liquide, & le solide[1]. Les organes destinez à recevoir le premier, sont, dit-il, le nez, la bouche, le larinx & les poumons : les organes destinez à recevoir les deux autres, sont la bou-

  1. L’homme et tous les animaux, dit Hippocrate, se nourrissent de trois sortes d’alimens, qui sont, celui qui se mange, celui qui se boit, & celui qui se respire. σῖτα, ποτὰ, πνεύματα, Hipp. περὶ φύσων.