Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/340

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alimens ne sont pas également faciles à digerer, & que le vin ne change point là-dessus leur nature, il s’ensuit que ceux qui sont trop indigestes, & qui aprés s’être tournez en excremens cruds, seroient sortis par les selles, se subtilisent assez par l’action du vin, pour s’insinuer dans le sang, & trop peu pour y pouvoir faire, quand ils y sont arrivez, la fonction de sucs nourriciers, ensorte que le sang se trouve surchargé d’une matiere heterogene qui trouble la circulation, & embarrasse les visceres ; au lieu que si cet aliment avoit conservé sa premiere grossiereté, & qu’il ne se fût point introduit dans les vaisseaux, il auroit pris son cours par les selles, ou seroit sorti par le vomissement, ce qui n’auroit pû être que salutaire. Ainsi celui qui, aprés des alimens de mauvais suc, aprés des melons, par exemple, boivent du vin pur, se font plus de tort, s’ils ne sont d’un tempérament extrêmement robuste, que s’ils bûvoient de l’eau pure, parce qu’ils introduisent dans le sang un suc impur, qui y doit causer d’autant plus de désordre, que le sang est plus délicat, & que les parties solides, qui doivent pousser les fluides, ont moins de force & de ressort. C’est la doctrine d’un sçavant Arabe, qui ne dit rien en cela