Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/349

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corrige le suc mélancolique, répare les esprits dissipez, & entretient dans leur état naturel toutes les fonctions du corps. Il fomente la chaleur naturelle, leve les obstructions, ouvre les passages, adoucit la bile, dont il chasse une partie par la voïe des urines, & par les issuës de la peau. C’est un antidote contre les venins froids. Il dissipe les vents, il attenuë les humeurs grossieres, & on peut l’appeller le véritable élixir de vie : mais il faut en sçavoir user, car selon l’usage qu’on en fait, on y trouve la santé ou la maladie, la tranquillité ou le trouble, la paix ou la guerre… Pour ce qui est des bûveurs d’eau ; continuë-t-il, s’il faut que j’en dise ma pensée, j’en ai peu vû qui fussent d’une bonne santé ; ils sont la plûpart sans couleur, & d’un teint livide, ce qui vient de ce qu’ils abondent en cruditez ; car l’eau qu’ils boivent les nourrissant peu, & n’aïant pas assez d’action pour contribuer comme il faut à la distribution des sucs, leur laisse une faim dévorante, qui les oblige à prendre plus d’alimens qu’ils n’en peuvent digerer, ensorte qu’ils amassent plus de sucs impurs que les autres : ce qui a fait dire à Demetrius, & peut-être avec assez de raison, en un sens, qu’il n’y a rien de bon à attendre d’un bûveur