Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/54

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le sel une qualité merveilleuse, que nous n’oublierons pas de remarquer : c’est une extrême docilité à attendre avec soûmission les ordres qu’il plaît aux parties du corps de lui donner. « On doit, nous dit-il dans ce Traité, d’autant plus préferer le sel aux autres assaisonnemens, que la plûpart, tenant de la nature des sels volatils, sont toûjours prêts à s’échapper, & à aller porter d’eux-mêmes le trouble dans toute l’œconomie du corps, au lieu que le sel étant de la nature des fixes, attend, pour ainsi dire, sa mission des parties, qui doivent le mettre en œuvre ; son action est donc lente, soûmise & successive, & il ne fera presque de mal, que ce qu’on lui en laissera faire. »

Sans mentir voilà qui est bien honnête au sel, & on trouvera peu d’assaisonnemens qui aïent autant de discretion.

Chacun connoît la vertu du sel contre la corruption ; mais en cas qu’on en doutât, l’Auteur en apporte une preuve qui lui paroît sans replique. « Le sel sagement emploïé, prévient, dit-il, ou chasse la corruption : aussi fût-ce en jettant du sel dans les eaux püantes ou mal saines de Jéricho, que le Prophete Elisée les rendit salutaires & fecondes. » Quelle preuve ! c’est