Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ici une plaisanterie d’Horace, qui voulant marquer combien il déteste l’ail, pousse l’hyperbole jusqu’à dire, qu’il le croiroit plus propre à faire le supplice de quelque malheureux, qui auroit arraché la vie à son pere, qu’à être servi sur les tables des honnêtes gens : ce qui est une allusion à la coûtume des Atheniens de donner du poison aux criminels. Ce Poëte se trouva incommodé pour avoir mangé de l’ail dans un mets qui lui fut servi à un soupé chez Mecenas. Là-dessus il crie contre l’ail, à peu prés dans le même sens que Martial crie contre l’eau chaude, lorsque fatigué d’en avoir bû long-tems par l’ordonnance des Medecins, il dit que s’il a quelque ennemi, il le condamne à boire de l’eau chaude,

Et potet calidam qui mihi livet aquam[1].

Aprés la preuve que nôtre Auteur nous donne ici de son habileté à découvrir dans Horace de nouveaux traits d’Histoire, il n’y a pas à douter que si on le consultoit sur ce commencement de l’Ode 13. du second Livre :

Ille & nefasto te posuit ide
Quicunque primùm & sacrilegâ manu

  1. Martial. lib. 6. Epigr. 86.