Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/98

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flatter le goût, & ne conviennent ni à l’esprit du Carême, ni au dessein qu’on se propose de ménager sa santé.

Nous ne finirons point cet article, sans remarquer ce que l’Auteur du Traité des Dispenses observe en général sur l’usage des œufs en Carême, & sur quelques précautions qu’il croit absolument nécessaires pour faire maigre, sans interesser sa santé. On trouve des personnes, nous dit-il, qui ont besoin de viandes plus succulentes que celles de Carême. A ceux-là les œufs deviennent nécessaires. « D’autres ont un sang grossier, pesant & mélancholique, lesquels seroient obligez de manger de la viande, si on n’avoit ce secours à leur accorder. »

Nous ferons ici une réflexion en passant. Le grand principe de nôtre Auteur, c’est que les alimens de Carême se broïent mieux dans l’estomac ; qu’ils passent plus aisément en une crême fine & délicate, à peu prés semblable à celle qui se forme sous le porphyre ; qu’ils se changent en un sang plus coulant & plus affiné, au lieu que la viande étant grasse, onctueuse, & pleine de filamens, car c’est ainsi qu’il la décrit, se dissout imparfaitement, se digére à peine, & produit une liqueur plus inégale & moins affinée : ce sont ses propres termes. Comment