Page:Andry de Boisregard - De la Génération des vers, 1700.djvu/415

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Ruisch, Professeur d’Anatomie en cette Ville d’Amsterdam, m’en a fait voir deux, dont l’un a plus de quatre-vingt aulnes de ce Pays, qui font plus de quarante-cinq aulnes de France, ce que j’aurois de la peine à croire, si je ne l’avois vû ; car cela passe toute croyance : & pour vous dire la verité, Monsieur, cela me dérange entierement dans les pensées que j’ay toûjours euës, & que je ne sçaurois encore rejetter, que tout ce qui a vie, soit animal, soit plante, vient par semence, & que rien ne s’engendre jamais de pourriture ; car si ces pensées sont vrayes, où voit on sur terre des vers de cette espece, qui ayent une longueur si démesurée ? On aura beau dire que les alimens copieux qu’ils trouvent dans les boyaux, où ils ont pris leur demeure, font changer leur figure, & les allongent si excessivement, cela ne contente pas. On pourroit croire que ce ver, puisqu’il est moins commun chez vous, & plus ordinaire dans ce Pays aquatique & bourbeux, reside au fond des eaux bien avant dans le limon, & qu’ainsi il peut arriver qu’on avale de ses œufs par la boisson ou autrement ; mais si cela étoit, n’en auroit-on ja-