Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ne luy restant autre moyen, ny espoir, recourut aux mauvaises ars d’ond il estoit souverain maistre, et proposa de se faire aimer par force et contre nature, par le moyen d’un philtre ou poison amatoire, qu’il composa en une pomme de Venus, appellée vulgairement pomme d’amours, ou pomme folle, conficte en sang de Iynge, oyseau appelé Ballequeüe, et autres drogues à cela efficaces, odorée à force espiceries chaudes et adoucies en sucre trois fois cuyct, en l’enchantant des ternes parolles qu’il savoit estre propres à ce philtre, tellement qu’il en feit une pomme de conficture tressuave à l’odeur et tresbonne au goust de la bouche, mais tresdangereuse au corps et au coeur, comme l’yssue le demonstra. Cela faict, il practica la Moresque esclave, luy donnant somme de deniers et luy promettant affranchissement de sa servitude si elle vouloit et pouvoit trouver le moyen de faire manger à sa dame Thanaise, en quelque collation, celle pomme de conficture, qui estoit une pomme d’amours, de telle vertu que celluy ou celle qui la presenteroit seroit en grace et en amour de la personne qui la recevroit, ce que luy tourneroit à un grand advan-