Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ble, et estimant qu’il dist verité (ce que rien moins), luy compta tous les presages faictz sur luy, et qu’il ne mourroit que pour dire verité, d’ond le contraire est mensonge ; et pource, pour la conservation de sa durable vie, l’enhortoit (comme tresmeschant qu’il estoit) à mettre du tout foy et verité en arriere, et se proposer de parler et faire eternellement mensonge, fraude et desloyalle infidelité. À quoy respondit le simple enfant qu’il ne savoit que c’estoit de mentir et qu’il ne le pourroit faire. Et en cela il mentoit desjà si puamment que l’air en estoit infect, comme du mortel sifflement d’un Basilisc. Car il ne pouvoit non plus mentir que le Basilisc tuer, le loup devorer, l’eau noyer et le feu brusler, estant d’origine primitive à cela né. Tellement que quand il parloit le plus simplement et vray semblablement, c’estoit adonc qu’il decevoit et mentoit le plus fort. Parquoy son pere, deceu de ceste simulée simplicité, le creut et pourcé, venu à son logis, incontinent le feit vestir et habiller de braves et somptueux habitz (ce qu’il povoit bien faire, estant le plus riche de la cité d’Orbe), et l’empara de vestemens de draps d’or, d’argent