Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’ond espartit une grosse pluye, qui feit retirer chescun en sa maison, attendant le troisiesme jour après, selon la premonition de la voix incogneüe. Auquel jour et heure se trouverent en plus grand nombre que par avant, de tous eages et sexes, attendans quelque signe miraculeux ; à quoy ilz ne faillirent pas, car ainsi qu’ilz estoient regardans les uns en l’air, les autres au goulphe terrestre, voicy que de la profondeur d’iceluy ilz veirent ressortir le corps sans teste, et monter sur le Morirfault, puys s’agenoiller devant le perron, et à la trenche du col les venes jugulaires se ouvrir et commencer à espandre sang, d’ond le corps en prenoit une partie en sa main, et avec le doy en escrivoit sur le perron certains vers, qui après furent leuz ; et à l’heure mesme veirent du hault air descendre la teste volante, avec ses ailes membraneuses et serpentines, tousjours peu à peu diminuantes, tant qu’elles furent reduictes en leur naturelle forme d’oreilles humaines, et la teste posée sur un pilier à crocz de fer, où la costume estoit de planter les testes couppées. Et ainsi comme chescun estoit attentif à regarder ces mysteres en grand silence, la