Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/150

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lin, mais sans comparaison plus grand et puissant, et plus ventru que le terrestre ; jambes de mesme, excepté que les piedz finissoient en larges et plates cartilages, dilatées par pinnes fortes et roides, à la façon d’un pied d’oie, pour mieux nager ; et n’avoit pas seullement quatre piedz, comme le cheval terrestre, mais plusieurs et en grand nombre, d’ond il fendoit les ondes et nageoit comme un dauphin. Quand à la queüe, il l’avoit grosse et longue et esquailleuse comme un grand poisson, plate en sa derniere latitude, de laquelle il battoit les eaux et se contournoit tresadroict en quelque costé qu’on vouloit, par le mouvement d’icelle. La teste avoit elevée, forte et puissante, portant en gueulle quatre grandz dens croches et trenchantes. Ce cheval Hippopotame, tel que l’ay figuré et que le pourras encore veoir à ce prochain port, où je l’ay laissé avec mes gens (car il est si grand et fort qu’il est bastant à porter aisement plusieurs personnes et autres animaux), combien que ce soit une tresmeschante et dangereuse beste, mesmement quand il a trop beu, neantmoins je le maniay et domptay si bien que je le rendi chevaucha-