Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/152

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qui furent les plus habiles à monter avec moy sur mon Hippopotame, par la prediction que je leur annonçay du torrent que je voioie venir, d’ond les uns me creurent et gaignarent les montaignes, les autres non, et se trouvarent enclos dans les flotz. Je ne fu pas si tost monté que mon Hippoptame se trouva elevé sur les eaux qui avoient couvert toute la face de celle terre et suffocqué tous les animaux de la plaine. Adonc commença mon cheval marin à nager, à ses piedz platz, et à estendre ses ailes, lesquelles ayant prins air et vent, nous transporta en diverses contrées et regions à l’arbitre des vens, des ondes et du cheval, à la grande merveille des peuples qui avoient gaigné les cruppes steriles des plus hautes montaignes, du faist desquelles nous regardans ainsi aller à cheval sur la hauteur des eaux, ilz en estoient tous esbahiz, comme de chose qui jamais auparavant n’avoit esté veüe. Parquoy, de la merveille qu’ilz en avoient, ilz nous escrioient de tous costez à plusieurs et haultes voix GAL, GAL, GAL, qui en leur langage Araméen est à dire Surmontant les eaux, par admiration de ce que ilz me voioient grand et puissant, hautement