Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/185

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mouvoir et boillonner, et du fond ressortir à fleur d’eau une grande trouppe de Phocques ou veaux marins. Et après eux s’eslança du profond un grand homme marin, vieil et ancien de semblant, à longz cheveux vergrisans et treslongue barbe blanche et moustaches distillantes l’eau sallée, sa peau jaunastre, rude et escailleuse, les bras empennez de pinnes de poisson, le corps nu, en forme humaine jusqu’à l’enguine, et le reste terminant en grosse et grande queüe de poisson d’ond il battoit l’eau et la faisoit bondir en aspergement, arrosant toutes ses Phocques, qu’il chassoit devant soy avec un grand aviron de coste de Balene en sa main. Lequel regardant Priscaraxe de deux yeulx verdoyans et forluysans en forme de deux culz de verre de fougiere, luy predict ces vers prophetiques que voicy escriptz en escorce d’arbre. Cela disant, Franc-Gal tira de son sein un Roleau de Phylire, arbre blanc, où estoient escriptz certains vers, lesquelz il leut et profera à l’Archier en telle sorte :



Comme le temps passant jamais plus ne revient,
Ainsi l’homme qui va (duquel plus te souvient)