Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/218

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le licencier d’avec elle, et soubz bonne occasion l’envoyer vers moy, son pere. Parquoy, luy baillant la main et le relevant sur piedz, ainsi luy dict : ALECTOR, mon beau filz, mon cher filz Alector, si je larmoye, n’en soyez esbahi ; car, ayant passé bien brief temps de joye en la compagnie de Mon Seigneur Franc-Gal, vostre pere, je me consoloie d’avoir tel gage de luy et de sa promesse du retour, comme est vostre personne engendrée de son sang. Or maintenant, voyant que vous avez volunté de le suyvre et de m’abandonner, et que par celeste destin ainsi le fault, me sentant à ceste heure preste d’estre desemparée et de mary, et de filz, les deux plus cheres personnes qui me soient au monde, si je suys triste et esplorée, ce n’est pas de merveille, car les angoisses de perpetuelle orbité jà environnent mon ame. Et le coeur me dict et les songes me presagissent que jamais ne vous ne luy je ne reverray. Non obstant, pource que je ne suis ignorante que hors la premiere enfance et la puerilité, et à l’entrée de l’adolescence, à un jeune filz, mesmement extraict de bonne race, n’est honneste ny expedient de demourer inglorieusement soubz l’aile de la mere, ains plustost suy-